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Poèmes et Poésies

Démarré par fleurose, 27 Mai 2011 à 19:49:46

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nordiq




                                         







  

bellparole

#166
La Terre - Hymne

Elle est la terre, elle est la plaine, elle est le champ.
Elle est chère à tous ceux qui sèment en marchant ;
Elle offre un lit de mousse au pâtre ;
Frileuse, elle se chauffe au soleil éternel,
Rit, et fait cercle avec les planètes du ciel
Comme des soeurs autour de l'âtre.

Elle aime le rayon propice aux blés mouvants,
Et l'assainissement formidable des vents,
Et les souffles, qui sont des lyres,
Et l'éclair, front vivant qui, lorsqu'il brille et fuit,
Tout ensemble épouvante et rassure la nuit
A force d'effrayants sourires.

Gloire à la terre ! Gloire à l'aube où Dieu paraît !
Au fourmillement d'yeux ouverts dans la forêt,
Aux fleurs, aux nids que le jour dore !
Gloire au blanchissement nocturne des sommets !
Gloire au ciel bleu qui peut, sans s'épuiser jamais,
Faire des dépenses d'aurore !

La terre aime ce ciel tranquille, égal pour tous,
Dont la sérénité ne dépend pas de nous,
Et qui mêle à nos vils désastres,
A nos deuils, aux éclats de rires effrontés,
A nos méchancetés, à nos rapidités,
La douceur profonde des astres.

La terre est calme auprès de l'océan grondeur ;
La terre est belle ; elle a la divine pudeur
De se cacher sous les feuillages ;
Le printemps son amant vient en mai la baiser ;
Elle envoie au tonnerre altier pour l'apaiser
La fumée humble des villages.

Ne frappe pas, tonnerre. Ils sont petits, ceux-ci.
La terre est bonne ; elle est grave et sévère aussi ;
Les roses sont pures comme elle ;
Quiconque pense, espère et travaille lui plaît ;
Et l'innocence offerte à tout homme est son lait,
Et la justice est sa mamelle.

La terre cache l'or et montre les moissons ;
Elle met dans le flanc des fuyantes saisons
Le germe des saisons prochaines,
Dans l'azur les oiseaux qui chuchotent : aimons !
Et les sources au fond de l'ombre, et sur les monts
L'immense tremblement des chênes.

L'harmonie est son oeuvre auguste sous les cieux ;
Elle ordonne aux roseaux de saluer, joyeux
Et satisfaits, l'arbre superbe ;
Car l'équilibre, c'est le bas aimant le haut ;
Pour que le cèdre altier soit dans son droit, il faut
Le consentement du brin d'herbe.

Elle égalise tout dans la fosse ; et confond
Avec les bouviers morts la poussière que font
Les Césars et les Alexandres ;
Elle envoie au ciel l'âme et garde l'animal ;
Elle ignore, en son vaste effacement du mal,
La différence de deux cendres.

Elle paie à chacun sa dette, au jour la nuit,
A la nuit le jour, l'herbe aux rocs, aux fleurs le fruit ;
Elle nourrit ce qu'elle crée,
Et l'arbre est confiant quand l'homme est incertain ;
O confrontation qui fait honte au destin,
O grande nature sacrée !

Elle fut le berceau d'Adam et de Japhet,
Et puis elle est leur tombe ; et c'est elle qui fait
Dans Tyr qu'aujourd'hui l'on ignore,
Dans Sparte et Rome en deuil, dans Memphis abattu,
Dans tous les lieux où l'homme a parlé, puis s'est tu,
Chanter la cigale sonore.

Pourquoi ? Pour consoler les sépulcres dormants.
Pourquoi ? Parce qu'il faut faire aux écroulements
Succéder les apothéoses,
Aux voix qui disent Non les voix qui disent Oui,
Aux disparitions de l'homme évanoui
Le chant mystérieux des choses.

La terre a pour amis les moissonneurs ; le soir,
Elle voudrait chasser du vaste horizon noir
L'âpre essaim des corbeaux voraces,
A l'heure où le boeuf las dit : Rentrons maintenant ;
Quand les bruns laboureurs s'en reviennent traînant
Les socs pareils à des cuirasses.

Elle enfante sans fin les fleurs qui durent peu ;
Les fleurs ne font jamais de reproches à Dieu ;
Des chastes lys, des vignes mûres,
Des myrtes frissonnant au vent, jamais un cri
Ne monte vers le ciel vénérable, attendri
Par l'innocence des murmures.

Elle ouvre un livre obscur sous les rameaux épais ;
Elle fait son possible, et prodigue la paix
Au rocher, à l'arbre, à la plante,
Pour nous éclairer, nous, fils de Cham et d'Hermès,
Qui sommes condamnés à ne lire jamais
Qu'à de la lumière tremblante.

Son but, c'est la naissance et ce n'est pas la mort ;
C'est la bouche qui parle et non la dent qui mord ;
Quand la guerre infâme se rue
Creusant dans l'homme un vil sillon de sang baigné,
Farouche, elle détourne un regard indigné
De cette sinistre charrue.

Meurtrie, elle demande aux hommes : A quoi sert
Le ravage ? Quel fruit produira le désert ?
Pourquoi tuer la plaine verte ?
Elle ne trouve pas utiles les méchants,
Et pleure la beauté virginale des champs
Déshonorés en pure perte.

La terre fut jadis Cérès, Alma Cérès,
Mère aux yeux bleus des blés, des prés et des forêts ;
Et je l'entends qui dit encore :
Fils, je suis Démèter, la déesse des dieux ;
Et vous me bâtirez un temple radieux
Sur la colline Callichore.

Victor Hugo

Paris. - 12 août 1873.
Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)

nordiq



Passif absolu            
Passif absolu, sans rêve, sans espoirs, sans orgueil
Arrêt sur image, il voit de son petit oeil
Sa vie dérouler, courte mais si usée
Sans être un cas desespéré ni abusé.
Inutile existence, plate et sonnante comme une claque
Fantasmée plus que realisée, pleine de cloques

Arret dans le temps, arret de respirer
Balancant ses pieds au dessus des eaux, aspiré,
Sous ces remous mortels, par le sommeil
Ouvert à lui, le sommeil infini au ciel vermeil.
La voie des rois l'attendrait-elle, pleine de gloire?
Un saut et tout serait fini, fini les réveils noirs.

On lui a pourtant laissé sa chance, comme aux autres
Un foyer presque normal, une ecole et des prêtres
Visant à son bonheur, vie de petitesses comblées
Et de desirs revus a la baisse, peu a peu ravalés.
Reussir une famille et des gosses, dans un appart'
Tenir dans ses mains un peu de vie avant qu'elle ne parte

Alors, pourquoi il s'obstine?

L'instant arrive, il bascule peu a peu, sent ses mains glisser
Un petit peu encore et il sera mort
Idiot petit homme, qui a laissé sa chance passer
 



L'Œil du Tigre                

Il est des couleurs que l`on n`oublie pas ;
Indéfinissables, et pourtant, là-bas,
Caché dans les rues de Buenos-Aires,
Il m`a appelé et je l`ai découvert.
Il m`a tendu une pierre et a dit
En espagnol, sa langue, mais j`ai compris :
« C`est l`œil du Tigre, couleur de ton âme,
Couleur de tes yeux, prend la madame ! »
Et il avait raison, cette couleur,
Mélange de savane et de poussière,
Eclats de cristaux jaunes et verts,
Etrange amalgame de valeurs..
M`intrigue, me fascine, m`attire,
Comme un miroir où je vois mon regard,
Un pendentif précieux par son histoire,
Couleur d`un voyage, d`un sens, d`un désir..
Couleur d`une rencontre éphémère,
Aux accents de tropiques et d`ailleurs..
Ancrée comme une passion dans mon cœur,
Nuance délicieuse et passagère.
Quand je la contemple j`ai l`impression
De faire une escale, de m`évader encore,
Vers ce pays où la couleur de l`or
N`est parfois qu`une ligne d`horizon..


  

nordiq

#168








Tu n'es plus là *
Tous les oiseaux des jours d'été s'en vont
Ils vont courir d'autres joies
Mais moi ici, je tourne en rond
Tu n'es plus là

Hier encore tu m'embrassais
Tu riais serré contre moi
Aujourd'hui je sais, tu mentais
Tu n'es plus là

Sans toi, tout m'est égal
J'ai si mal
Tu n'es plus là

Je voudrais dormir
Je voudrais mourir
Tu n'es plus là

Mais je t'aime encore
Je le crie si fort
Que le silence a peur

Je m'accroche à des riens
Tes yeux et tes mains
A l'espoir qui meurt

Peut-être un jour, je serai forte
J'oublierai tes lèvres et tes bras
Oui mais ce soir, je suis fêle encore
Tu n'es plus là

Sans toi, tout m'est égal
J'ai si mal
Tu n'es plus là

Je voudrais dormir
Je voudrais mourir
Tu n'es plus là

Et les yeux fermés
Insensée, je lutte
Avec ma peine

T'arracher de moi
Ou courir vers toi
Je ne sais plus

Ton ombre me suit
Le jour et la nuit
Tu n'es plus là





  

nordiq

#169


  Mélancolie

J'aurais du m'en douter
Que ça allait arriver,
Que tout finirait par fouèrer
Pi que la chicane allait pogner.


J'ai envie d'hurler
De tout abandonner.
J'ai l'impression de m'écrouler
Sans pouvoir me relever.

Est-ce normal
D'avoir aussi mal?
Je me sens tellement démunie
Et même un peu sans vie.

Si j'avais pu éviter
De devoir m'engueuler.
Je ne serais pas là
À écrire ce poème-là.

J'ai eu besoin de me confier
Pour pouvoir exprimer
Tout ce que j'ai en dedans
Tout ce que j'ai comme pressentiment.

D'ici peu je commence une nouvelle vie
Et ça m'effraie en maudit.
Le stress commence à ce faire voir
Et j'ai peine à y croire.

Ma vie va changer;
Je vais être libéré.
Je vais enfin partir
Pour y découvrir mon avenir.

J'irai droit devant
Malgré ce qui m'attend
Je devrai m'accrocher
Malgré les difficultés.

Tant de peur
Dans un même cœur.
Tant d'insécurité
À devoir combler.

Me voilà libérée
De ma tristesse invétérée.
J'ai eu besoin d'écrire
Pour arrêter de souffrir!


Sabi® -xxx-





  

nordiq

#170

 





Terreur

Ce soir-là j'avais lu fort longtemps quelque auteur.
Il était bien minuit, et tout à coup j'eus peur.
Peur de quoi ? je ne sais, mais une peur horrible.
Je compris, haletant et frissonnant d'effroi,
Qu'il allait se passer une chose terrible...
Alors il me sembla sentir derrière moi
Quelqu'un qui se tenait debout, dont la figure
Riait d'un rire atroce, immobile et nerveux :
Et je n'entendais rien, cependant. O torture !
Sentir qu'il se baissait à toucher mes cheveux,
Et qu'il allait poser sa main sur mon épaule,
Et que j'allais mourir au bruit de sa parole !...
Il se penchait toujours vers moi, toujours plus près ;
Et moi, pour mon salut éternel, je n'aurais
Ni fait un mouvement ni détourné la tête...
Ainsi que des oiseaux battus par la tempête,
Mes pensers tournoyaient comme affolés d'horreur.
Une sueur de mort me glaçait chaque membre,
Et je n'entendais pas d'autre bruit dans ma chambre
Que celui de mes dents qui claquaient de terreur.
Un craquement se fit soudain ; fou d'épouvante,
Ayant poussé le plus terrible hurlement
Qui soit jamais sorti de poitrine vivante,
Je tombai sur le dos, roide et sans mouvement.
Guy de Maupassant

 











  

nordiq

#171

                                                             




Compagnon des Amériques
Québec ma terre amère ma terre amande
ma patrie d'haleine dans la touffe des vents
j'ai de toi la difficile et poignante présence
avec une large blessure d'espace au front
dans une vivante agonie de roseaux au visage
je parle avec les mots noueux de nos endurances
nous avons soif de toutes les eaux du monde
nous avons faim de toutes les terres du monde
dans la liberté criée de débris d'embâcle
nos feux de position s'allument vers le large
l'aïeule prière à nos doigts défaillante
la pauvreté luisant comme des fers à nos chevilles

mais cargue-moi en toi pays, cargue-moi
et marche au rompt le coeur de tes écorces tendres
marche à l'arête de tes dures plaies d'érosion
marche à tes pas réveillés des sommeils d'ornières
et marche à ta force épissure des bras à ton sol
mais chante plus haut l'amour en moi, chante
je me ferai passion de ta face
je me ferai porteur de ton espérance
veilleur, guetteur, coureur, haleur de ton avènement
un homme de ton réquisitoire
un homme de ta patience raboteuse et varlopeuse
un homme de ta commisération infinie

l'homme artériel de tes gigues
dans le poitrail effervescent de tes poudreries
dans la grande artillerie de tes couleurs d'automne
dans tes hanches de montagne
dans l'accord comète de tes plaines
dans l'artésienne vigueur de tes villes
dans toutes les litanies
de chats-huants qui huent dans la lune
devant toutes les compromissions en peaux de vison
devant les héros de la bonne conscience
les émancipés malingres
les insectes des belles manières
devant tous les commandeurs de ton exploitation
de ta chair à pavé
de ta sueur à gages
mais donne la main à toutes les rencontres, pays
toi qui apparais
par tous les chemins défoncés de ton histoire
aux hommes debout dans l'horizon de la justice
qui te saluent
salut à toi territoire de ma poésie
salut les hommes et les femmes
des pères et mères de l'aventure


Gaston Miron, poète québécois célèbrE




  

nordiq









L'art de l 'écriture


Quand j'écris ces poèmes, ce n'est pas
Forcément de moi-même.
J'écris pour dénoncer ou pour annoncer
Ce qui est impossible de divulguer.
J'écris pour prendre du recul ou j'hurle pour
Différents sujets, la vie, l'amour et la famille.
J'écris des bons moments où je crie ma colère
Du fond de moi-même.
J'envois cette haine contre cet univers pervers.
Ce ne sont pas des écrits,
Mais chaque jour naît une autre nouvelle vie.
Alors les pensées s'évaluent et les idées
Sont perdues et évaporées.
Jusqu'à ce que je les lise puis les réalise.
Le peu de mots qui me parait inexpliqué
Et malgré ça, je continue dans le contenu.
J'écris des phrases tordues, qui tentent de
Traduire ce que je n'ai pas le droit d'avouer.
Ce sont des rêves interdits qui trouvent
Un refuge dans ces récits.
On peut toujours les cacher par un style
Ou une procédure d'une autre manière.
Alors, il ne faut pas oublier que les majeures
Pensées restent impénétrables
Et inavouables à l'éternel.
                  Said NOUAHAD
                       




Si la vie n'était qu'un rêve


Si la vie n'était qu'un rêve,
Et que nous étions des anges,
Si l'amour n'était qu'une illusion,
Ce serait étrange.

Si la terre n'existait pas,
Et que nous volions dans les airs,
Si toi et moi étions irréels,
Sans corps ni visage.

Si je n'écrivais pas,
Et que mes pages restaient blanches,
De mes ailes, je les effleurerais,
Sans pouvoir les toucher.

Si tout ça n'était qu'un rêve,
Et assis sur des branches,
Sans voir ni parler,
Nous serions là pour imaginer.
     
                      Marie-José GRAVA













  

bbchaton

La forêt canadienne

C'est l'automne. Le vent balance
Les ramilles, et par moments
Interrompt le profond silence
Qui plane sur les bois dormants.

Des flaques de lumière douce,
Tombant des feuillages touffus,
Dorent les lichens et la mousse
Qui croissent au pied des grands fûts.

De temps en temps, sur le rivage,
Dans l'anse où va boire le daim,
Un écho s'éveille soudain
Au cri de quelque oiseau sauvage.

La mare sombre aux reflets clairs,
Dont on redoute les approches,
Caresse vaguement les roches
De ses métalliques éclairs,

Et sur le sol, la fleur et l'herbe,
Sur les arbres, sur les roseaux,
Sur la croupe du mont superbe,
Comme sur l'aile des oiseaux.

Sur les ondes, sur la feuillée,
Brille d'un éclat qui s'éteint
Une atmosphère ensoleillée :
C'est l'Eté de la Saint-Martin ;

L'époque ou les feuilles jaunies
Qui se parent d'un reflet d'or,
Emaillent la forêt qui dort
De leurs nuances infinies.

O fauves parfums des forêts !
O mystère des solitudes !
Qu'il fait bon, loin des multitudes,
Rechercher vos calmes attraits !

Ouvrez-moi vos retraites fraîches !
A moi votre dôme vermeil,
Que transpercent comme des flèches
Les tièdes rayons du soleil !

Je veux, dans vos sombres allées,
Sous vos grands arbres chevelus,
Songer aux choses envolées
Sur l'aile des temps révolus.

Rêveur ému, sous votre ombrage,
Oui, je veux souvent revenir,
Pour évoquer le souvenir
Et le fantôme d'un autre âge.

J'irai de mes yeux éblouis,
Relire votre fier poème,
O mes belles forêts que j'aime !
Vastes forêts de mon pays !

Oui, j'irai voir si les vieux hêtres
Savent ce que sont devenus
Leurs rois d'alors, vos anciens maîtres,
Les guerriers rouges aux flancs nus.

Vos troncs secs, vos buissons sans nombre
Me diront s'ils n'ont pas jadis
Souvent vu ramper dans leur ombre
L'ombre de farouches bandits,

J'interrogerai la ravine,
Où semble se dresser encor
Le tragique et sombre décor
Des sombres drames qu'on devine.

La grotte aux humides parois
Me dira les sanglants mystères
De ces peuplades solitaires
Qui s'y blottirent autrefois.

Je saurai des pins centenaires,
Que la tempête a fait ployer,
Le nom des tribus sanguinaires
Dont ils abritaient le foyer.

J'irai, sur le bord des cascades,
Demander aux rochers ombreux
A quelles noires embuscades
Servirent leurs flancs ténébreux.

Je chercherai, dans les savanes,
La piste des grands élans roux
Que l'Iroquois, rival des loups,
Chassait jadis en caravanes.

Enfin, quelque biche aux abois,
Dans mon rêve où le tableau change,
Fera surgir le type étrange
De nos hardis coureurs des bois.

Et brise, écho, feuilles légères,
Souples rameaux, fourrés secrets,
Oiseaux chanteurs, molles fougères
Qui bordez les sentiers discrets.

Bouleaux, sapins, chênes énormes,
Débris caducs d'arbres géants,
Rocs moussus aux masses difformes,
Profondeurs des antres béants.

Sommets que le vent décapite,
Gorge aux imposantes rumeurs,
Cataracte aux sourdes clameurs :
Tout ce qui dort, chante ou palpite ...

Dans ses souvenirs glorieux
La forêt entière drapée,
Me dira l'immense épopée
De son passé mystérieux.

.................................

Mais, quand mon oreille attentive
De tous ces bruits s'enivrera,
Tout près de moi retentira ...
Un sifflet de locomotive !


Louis-Honoré FRÉCHETTE   (1839-1908)

bellparole


L'Etoile

Je revois l'étoile,
et je vois.
Je vois la mer se reposer
dans le reflet de la lune.

Tout le monde peut voir
l'immense joie de la nuit.

Et je vois si clair,
Comme si ce fut... le jour

La nuit étincelle.
Tout le monde enchanté.

Tout ce monde enchanté...

Poème de Chloe Douglas ( Royaume-Uni )
Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)

bunni


Jolie bergère

Les mains. Ces mains. Tes mains.

Les mains qui plongent dans le seau de grain que tu jetteras aux poules. Puis qui furètent dans la paille du nid pour trouver quelques oeufs.

Les mains qui pétrissent le pis de la chèvre, pour après faire mousser le lait mieux que des pales le feraient. Qui s'en vont casser le caillé, saler la faisselle, et puis la retourner.

Ces mains qui grattent la terre pour trouver les dernières racines, planter les fèves et les haricots, et tasser les carrés et les buttes. Toucher la terre si elle a besoin d'eau. Le museau du chien s'il n'est pas trop chaud. Le sac à pain s'il en faut.


Ces mains qui frottent et frottent la brosse et le savon sur le drap dans l'eau fraîchette du lavoir, dans la fraîcheur du matin ou du soir.

Tes mains qui cueillent les légumes, les nettoient, qui les pèlent et les coupent, et les râpent pour le chaudron qui attend sa soupe, comme ton époux le soir l'attend.

Tes mains qui s'endimanchent de farine et qui pétrissent et pétrissent la pâte jusqu'à ce qu'elle devienne transparente et douce comme la soie. Dans tes mains sèches comme parchemin.

Ces mains qui caressent le chien, caressent le chat, et les cheveux du petit Benoît avec la même tendresse puisque tous, ils sont tes petits.

Tes mains qui massent l'épaule endolorie de l'époux qui a trébuché en allant garder son troupeau. Le bobo du gamin piqué par une bestiole. La mauvaise brûlure de l'amie étourdie.


Tes mains qui doucement en silence en cachette frottent et frottent ton genou, le droit surtout, lui qui te fait si mal.

Et que tu voudrais bien, toi aussi, que des mains s'y attardent, pour te le soulager un peu...

Belle bergère, aux mains de fée, aux yeux rieurs et délavés, au regard tendre, demande, demande ! à tes petits, à ton mari, à tes amis, qu'ils te caressent un peu...

nordiq



Un p'tit coin perdu très loin de la ville
Une route sauvage sous un ciel tranquille
Et cette grande entrée au bout du chemin
Je pousse la grille et soudain
Une grande maison au bout d'une allée
Une grande maison toute abandonnée
Et puis sur la porte une petite pancarte
Où on a écrit "à louer"

[Refrain] :
Même si tu revenais
Je crois bien que rien n'y ferait
Notre amour est mort à jamais
Je souffrirais trop si tu revenais

Le vent s'est levé là-haut au premier
Ce volet qui bat ne ferme toujours pas
Ce volet grinçant cachait notre amour
Tu m'avais promis mais un jour
Un jour comme un autre je t'ai attendue
Jusqu'au petit matin, mais tu n'es pas venue
Les mois ont passé, malgré moi, j'attends
Je t'attends encore, et pourtant

[Refrain]


Même Si Tu Revenais Claude François

  

bellparole


Si la note disait



Si la note disait : ce n'est pas une note

qui fait une musique...

il n'y aurait pas de symphonie

Si le mot disait : ce n'est pas un mot

qui peut faire une page

il n'y aurait pas de livre

Si la pierre disait : ce n'est pas une prière

qui peut monter un mur...

il n'y aurait pas de maison

Si la goutte d'eau disait : ce n'est pas une goutte d'eau

qui peut faire une rivière...

il n'y aurait pas d'océan

Si le grain de blé disait : ce n'est pas un grain de blé

qui peut ensemencer un champ...

il n'y aurait pas de moisson

Si l'homme disait : ce n'est pas un geste d'amour

qui peut sauver l'humanité...

il n'y aurait jamais de justice et de paix, de dignité et

de bonheur sur la terre des hommes.



Michel Quoist
Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)

bbchaton



    Victor HUGO   (1802-1885)



Demain, dès l'aube...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

bellparole


Victor HUGO   (1802-1885)

Clair de lune

La lune était sereine et jouait sur les flots. -
La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
La sultane regarde, et la mer qui se brise,
Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.

De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare.
Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos.
Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,
Battant l'archipel grec de sa rame tartare ?

Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ?
Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'une voix grêle,
Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?

Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? -
Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,
Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé
Du lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames.

Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.
On verrait, en sondant la mer qui les promène,
Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
La lune était sereine et jouait sur les flots.
Ce qui rend les amitiés indissolubles et double leur charme est un sentiment qui manque à l'amour : la certitude.

(Honoré de Balzac)