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Contes d'ici et d'ailleurs

Démarré par bunni, 18 Septembre 2012 à 00:22:36

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bunni

#555

Petit conte pour le Jour de l'An

Dur combat

Depuis quelques jours ,trente et un et premier se font la guerre .
Trente et un ne veut céder sa place et premier veut s'accaparer de cette place .

"Tu sais" dit trente et un il m'a fallu du courage pour avoir le titre de trente et un .
Il y a eu des joies mais des chagrins aussi .J'ai du travailler très fort ."

Premier lui répliqua :"Regarde-moi , tout est à faire .Tu t'imagines le travail?"

Mais répliqua trente et un :" J'ai été premier  moi aussi et j'ai dû affronter moi aussi pour me rendre à trente et un ."

Mais dit donc premier :"Si on faisait la paix .Je t'aiderai à finir ton trente et un et toi tu m'aideras à mon premier ."

Avec beaucoup de nostalgie trente et un céda sa place à premier et ils fêtèrent tous les deux leur bonne entente .

C'est ainsi qu'à chaque année trente et un et premier font la fête .

Trente et un à vécu beaucoup de choses .Des joies bien sûr mais des chagrins aussi et il a peur de laisser sa place et de vivre d'autres choses difficiles et premier a tout à vivre et il a peur de n'être pas assez courageux et tout est de l'imprévu .
                                     
                                  Bonne et heureuse année !


bunni


L'ange de la poésie

Cette nuit j'ai fais un rêve étrange, que je veux vous conter sans plus attendre.
Sur un portique, éclairé par la lueur orangée de dame lune, une femme vêtue d'une longue robe blanche,
aux longs cheveux couverts d'or ,dans le  vent, se balançait doucement assise sur une planche d'ébène.
De sa bouche s'élevait une douce mélodie qui rythmait la cadence .
Elle était jolie cette femme. Sur son visage, au teint laiteux, se dessinait un sourire charmeur. Dans son regard brillaient
des étoiles  couleur d'émeraude. C'était je vous l'assure, une fée.

Tout à coup, apparait un ange qui, contre son coeur, serre une plume d'argent, qu'il tend à la fée.
"Prends cette plume et écrit ta poésie"
Mais, rétorque la dame étonnée, je ne suis pas poète, je ne saurais comment coucher des mots qui confèrent
le bonheur à ceux qui savent les lire.

C'est facile répond l'ange, écoute le doux murmure des mots naissant dans ton coeur. Regarde autour de toi,
vois la beauté de la nature, décris ses mystères et ses merveilles. Ecoute l'éternelle romance entre le soleil et la rose qui
resplendit, exhalant une douce fragrance. Peint avec les lettres, l'amour, le bonheur, les rires, les jeux.
Chante la préciosité de la vie sans renier la mort. Mais ne reste pas insensible et sourde à l'autre couleur de l'existence.
Entends les plaintes dans la nuit, la douleur des âmes affligées, ne craint pas de divulguer la vérité,
de dénoncer la torture et la souffrance. Ne détourne pas ton regard de la misère sur cette terre,
au contraire crie la pour que  la terre entière en prenne conscience.

Une larme d émotion, coule sur la joue de la fée bouleversée par ce discours.
Le coeur serré elle lève son regard embué vers  l'ange et lui demande.
"Je saurai entendre le chant de mon coeur, je saurai noircir des pages blanches, je saurai clamer la réalité de notre univers ,
mais je n'ai pas d 'encre pour me servir de cette plume enchantée.

Si bien sur lui dit l'ange, tu vois cette larme au coin de tes yeux? Cette perle à la transparence du diamant est née de ton âme .
Elle est la source de ta poésie.
L'encre sera  la bonté de ton coeur et la pureté de tes sentiments. La plume sera l'outil de tes pensées et de ton âme.

Alors l'ange s'élève doucement dans le ciel et avant de disparaître implora une dernière fois "s'il te plait fait bon usage de
cette plume, je t'ai choisi car j'ai confiance en ton dessein."

La fée demeura quelques instants perplexe, sur son visage plus de sourire. De sa bouche plus de notes mélodieuses.
En son coeur une grande tristesse était née. Et sur sa joue une trace d'encre.

La douceur d'un rayon du soleil et le chant des oiseaux dans le matin naissant m'extirpe de mon rêve. Dans ma bouche
subsiste un goût amère. Sur ma joue une larme vient mourir sur mes lèvres. Tout comme la fée de mes songes
je suis décontenancée et dans mon esprit résonnent encore les paroles de l'ange .
Allons, ce n'était qu'un rêve !! Il me faut me lever maintenant et profiter de cette nouvelle journée.
Je me retourne pour sauter du lit mais, dans mon élan je stop net ; sur ma table de chevet gisait
une plume d'argent et un flacon d'encre diamantée .

bunni

#557

L'aigle et le canard

Il était une fois un aigle qui vivait dans une basse cour au milieu de poussins,
de poules ,de canetons et de canards. Un jour il se pencha si près du
bord de la marre qu'il y tomba et en tombant il découvrit son vrai visage d'aigle
renvoyé par l'eau de la marre  et il  vit qu'il avait des ailes immenses.
Au  moment de plus grande intensité de sa peur alors qu'il croyait se noyer et
mourir, il réalisa sa nature d'aigle et s'envola libre. Alors il vit que la
basse cour n'avait jamais eu de barrières et que le ciel avait
toujours été ouvert au dessus de lui. Il vit aussi que tous les poussins,
les poules, les canards et les canetons n'étaient autres que des aigles qui
avaient momentanément oublié leur  nature réelle.
Il lança un grand cri de joie dans les airs et perçu dans un immense éclat de
rire la nature illusoire  de la basse cour dans laquelle il se croyait limité
mais qui était si rassurante en même temps. La peur de l'inconnu fut transformée
en joie inaltérable, et ce qui était "sa vie", organisée, maîtrisée, rangée,
devint La Vie inconnue et ouverte au vent et au champ infini de tous les possibles.
Il n'eut de cesse alors que de proclamer la bonne nouvelle à tous ceux qui voulaient
l'entendre.
"Nous sommes tous des aigles, nous sommes tous unis dans l'Ame unique du
grand Aigle Père Mère".

bunni

#558

La grenouille et la libellule

C'est le printemps! Attirée par le chant amoureux, une grenouille sort de sa cachette, se dirige vers le vieil étang où elle pondra ses œufs. Du soir au matin, elle patauge, coasse, saute dans l'eau, sur terre.  Bref, une vie routinière, encroûtée dans la boue, depuis la nuit des temps.

Ce jour-là, cachés sous l'eau en attente de son repas,  ses yeux globuleux aperçoivent au loin virevolter une ombre bleutée. S'ouvre alors un pays de rêve! Le monde aérien fait briller devant elle tous ses feux. Sous les rayons du soleil, une libellule danse son ballet. Sur ses ailes, des filigranes d'or. Sur son front, des bijoux d'émeraude. Sur son corps, un vêtement de soie. Un instant, la maîtresse de l'air l'ensorcelle. La grâce, l'élégance de ses vols acrobatiques l'éblouissent. Un modèle de perfection se dessine dans le ciel.

Sous l'écueil des mirages, sa glotte remue. Ne sachant rien des hauteurs, la grenouille se secoue, retourne à la mare où tambourine le bonheur de sa terre mouillée.

La demoiselle hésite à se poser sur la tige du roseau. En  approchant, elle dit en sa langue : « Serait-il possible de trouver un accord pour que grenouilles et libellules se partagent les moustiques? Ainsi les aimables grenouilles cesseraient de dévorer les gentilles libellules! »

Échappée à sa rêverie, la grenouille croit retrouver le dragon volant de sa mémoire tant cette demande est imposante. « Êtes-vous en train d' instaurer un pacte de non prédation? » décèle-t-elle. Avez-vous consulté les martins-pêcheurs, les araignées, les poissons, les aigles, les caméléons et les chats? »  « Je l'envisage », dit l'acrobate. «Après les papillons, vous êtes le chef d'œuvre de la création, que voulez-vous de plus? »« Je suis libellée pour la liberté! » dit-elle. Il y a tellement à explorer là-haut!  Ces couleurs, ces formes, des joyaux! Ma vie est si courte! Secouant la boue sur son dos, la grenouille se gonfle. Sur une note basse, elle clame : « Sur cette terre féconde, dans la tranquillité des fonds obscurs, tout se transforme, tout s'enrichit, c'est la vie! Sans ces eaux primordiales, que seraient l'air, le feu de votre joie d'exister?! Qu'est-ce une vie la plus libre soit-elle, si elle ne se donne pas?

Ma vie est morne. On n'embrasse plus les grenouilles de nos jours!  J'ai passé l'âge de devenir un bœuf. Un prince, peut-être» soupire le batracien. Que vais-je devenir sans vous? » conclue-t-il.

Sur la tige vacillante, la dernière illusion de la libellule se détache. Sa position ne fait pas le poids. Son rang ne lui permet pas le combat. N'était-elle pas née pour découvrir la liberté? Et c'est ce Pat 'mouille qui le lui enseignera!

Tambours battants et sang-froid,  la reine des marais sort sa longue langue visqueuse, enroule son festin.

Satisfaite, assise en lotus, la grenouille rêve son prochain apanage.

Perché non loin de là, un héron vise son petit déjeuner.

bunni


Le loup et la vieille dame

Un loup , tout vieux ,tout maigre et bien mal coiffé au pelage un peu sale et délavé .

Son nom? Garou

Garou le p'tit fou .

Quand il était petit , il n'arrêtait pas de jouer et n'avait pas ...deux sous de méchanceté !

Aussi quand il chassait , il disait : "il faut que  je mange , excusez-moi ,mais ...je vais devoir vous croquer "

Après , tout le monde riait , riait , riait , et lui aussi riait , tant et si bien qu'il ne pouvait les manger !!

Aujourd'hui , il n'a plus beaucoup de forces et il n'est pas plus féroce !!

Je crois qu'il va mourir de faim si il ne mange rien avant demain .

Sur son chemin , il rencontre une poule un peu grassouillette , qu'il imagine bien dans son assiette .

Ouvrant une gueule immense aux dents à  peine usées il pousse  un hurlement ...qui la fait rigoler !

-"tu crois donc me faire peur ? tu voudrais me manger ,peut-être , quelle horreur , tu sais bien que mes

plumes te feraient mal au cœur ,tiens , prends plutôt ces œufs tout frais , ils te serviront de déjeuner !!

Et elle partit en remuant son gros derrière à rire pour la journée entière .

C'est trop triste ,pensait Garou ,de ne pas manger ,mon estomac ne cesse de se tortiller ...

Huuuum , voici trois petits lapins que je croqueraient avant demain ...Mais les petits lapins ,malins ,

le laissèrent s'approcher tout près , tout près , tout près ...et hop ,se sont sauvés !

Le vieux loup Garou ,sauta ,très fière et ... tomba le nez dans la poussière ne vit que trois petits derrières !

ho ...quels fripons! adieu ...jambons ...saucissons !!

Papa lapin ,aussitôt alerté ,arrive , un peu essoufflé "tu n'as pas honte à présent de t'en prendre aux enfants? 

passe ton chemin , vilain et fait comme nous mange des carottes et du foin !

Allez ouste ... va plus loin !"

Il part donc , et marche longtemps , longtemps , épuisé et titubant ,traînant les pattes ,et soufflant  ...

Il arrive devant une jolie maison , un peu isolée

à la porte , il n'ose pas frapper.

Il entre et d'une voix méchante  il crie "montrez-vous , je viens vous manger "

alors une vieille dame , un peu tremblante , lui dit "je t'attendais !"

Tu ne fais plus peur à personne à présent ,allons , cache tes dents

ne reste pas là ,planté devant moi ,rends toi utile et va ramasser du bois ,

et je te ferai ...un festin de roi !

il ne se fit pas prier et ramassa tant et tant et tant de bois que la vieille dame

pu se chauffer pendant des mois !!

Elle lui fit un somptueux repas pour cette attention .

Mon Dieu ,s'exclama  le loup ,un vrai repas de communion !

Il est dit ,que depuis ce jour ,la vieille dame ne resta plus jamais seule et

que le vieux loup Garou , n'eut plus jamais faim .

bunni


La galette des Rois

Le Père Noël adore la fête des Rois.
Tous les ans à la fin de l'année, il prépare trente et une galettes: une galette pour chaque jour du mois de janvier Les rennes sont ravis, le Père Noël aussi! Aujourd'hui, c'est justement la fête des Rois. Les rennes ont posé un tapis doré sur leur dos; le Père Noël a mis sa cape brodée de fils d'argent et il appelle: "Venez tous dans la salle à manger! La fête des Rois va commencer".
Les rennes et le Père Noël s'élancent dans l'escalier... puis s'arrêtent net: sur la table, il n'y a pas de galette! Le Père Noël fronce les sourcils. Il regarde ses rennes, l'air soupçonneux :
"Qui l'a volée? Qui l'a croquée? Qui l'a mangée?"
-Pas nous! Pas nous!
-Pouvez-vous le jurer? demande le Père Noël.
- On le jure! On le jure! promettent les rennes. On n'a rien touché!
"Le Père Noël court jusqu'à la cuisine: la réserve est-elle encore à sa place, dans le grand placard? Calamité! Il n'y a plus une seule galette, plus la moindre petite miette!
"C'est impossible, gémit le Père Noël. Elles ne se sont pas envolées"...
-Elles ne se sont pas envolées, répètent les rennes inquiets. Mais elles jouent peut-être à cache-cache, en roulant comme des roues?"
Aussitôt, ils commencent à chercher partout, partout: dans chaque recoin, dans chaque trou... Rien! Ils ne trouvent rien! Il n'y a plus une seule galette, plus la moindre petite miette! Sans galette, plus de fête! Les rennes et le Père Noël sont vraiment désolés; ils s'assoient tristement sur les marches de l'escalier. Tout à coup, des notes de musique s'élèvent à l'extérieur du palais. Un roulement de tambour se fait entendre. Une trompette lance des "POUET" et des "POUET"! Quelle fanfare! Le Père Noël jette un coup d'oeil par la fenêtre... Et que voit-il ? Un spectacle incroyable!
Un défilé de chars dorés sur lesquels trônent des souris; des souris déguisées en rois, en reines et en princesses! Soudain, le renne Cachou regarde les roues des chars et il s'écrie :
"Père Nono! Père Noël! Elles sont là! Elles sont là!"
"Je ne suis pas aveugle, ronchonne le Père Noël. Je les vois bien ces souris..."
"Pas les souris! interrompt Cachou. Pas les souris, mais les galettes: ce sont les roues!"
Incroyable! Phénoménal! Le Père Noël écarquille les yeux: oui, ses galettes, ses délicieuses galettes servent de roues pour des chars de défilé! Furieux, il file au rez-de-chaussée et s'élance hors de son palais, prêt à gronder, rugir, tempêter. Mais devant la porte, quelqu'un l'attend déjà :
"Bonjour Père Noël! Je suis Aurélie Dorémi, la vraie reine des souris. Je voulais vous inviter, vous et vos rennes, à notre grand défilé."
Le Père Noël en reste bouche bée. Il ne sait plus quoi répondre... Tonnerre de tonnerre! Va-t-il se mettre en colère? Non, il répond avec le sourire :
"J'accepte reine Aurélie! Mais avant, je vais aller chercher quelque chose dans mon atelier."
Et sous le regard ahuri de ses rennes, le Père Noël monte au grenier du palais, et il en rapporte de vraies roues en bois, des roues pour mettre à la place de ses galettes! Peu après, les chars sont prêts; les galettes sont rangées dans le grand placard de la cuisine... toutes sauf une, que le Père Noël et ses rennes partagent avec les souris.
Et devinez qui a eu la fève ! Un bonhomme vêtu de rouge, portant sur le dos une cape brodée de fils d'argent... Évidemment!


Joyeuse fête des Rois!

bunni


L'habit de plumes de la fée

Autrefois vivait dans la montagne un bûcheron très pauvre. Un jour qu'il coupait du bois, il vit venir un cerf qui courait très vite et qui le supplia :

-Vite, ayez pitié de moi, cachez - moi, un chasseur me poursuit !

Le bûcheron cacha le cerf parmi les branches des arbres qu'il avait abattu.

Le chasseur arriva, tout essoufflé :
-Eh, dis donc toi, tu n' as pas vu passer un cerf qui courait.

-Si, répondit le bûcheron, je l'ai vu partir par là-bas !

Et il indiqua une colline dans le lointain.

-Merci, dit le chasseur qui partit en courant.

Une fois le chasseur hors de vue, le cerf sortit des branches qui le cachaient et remercia le bûcheron :

-Comment puis je vous remercier ?

-Il n' y a pas de quoi, c' était bien normal de t' aider !

-Tu m'as sauvé la vie, je vais te dire un secret. Tu connais le lac, sur l' autre versant de la montagne. Le soir, les fées viennent s'y baigner. Si vous y allez, cachez - vous, prenez l'habit d'une fée. Sans son habit de plumes, elle ne pourra plus remonter vers le ciel. Elle vous épousera. Mais surtout ne lui rendez pas son habit avant d'avoir eu trois enfants d'elle. Sinon, ça finira mal.

-Oui, j'ai compris et je te remercie.

Le soir venu, le bûcheron alla au bord du lac et se cacha derrière les arbres. Minuit arriva. La lune monta dans le ciel et, dans le clair de lune, le bûcheron entendit de la musique et vit les fées descendre dans leurs habits de plumes blanches . Les fées se déshabillèrent et se baignèrent dans l'eau fraîche et pure. Le bûcheron en profita pour prendre l'habit de la plus belle. Elles sortirent de l'eau, se rhabillèrent et s'envolèrent. Toutes sauf une qui se mit à pleurer.

-Pourquoi pleurez-vous, lui demanda le bûcheron en s' approchant d' elle.

-Je ne trouve plus mon habit de plumes, dit la fée, je ne peux plus remonter au ciel.

-Allons chez moi, je vais vous aider.

La fée suivit le bûcheron et l'épousa. Le temps passa. Ils eurent deux beaux enfants. La fée, qui aimait son mari, dit un jour :

-Je ne savais pas qu' on pouvait être si heureux sur terre !
-Eh bien , heureusement que j' ai caché ton habit, répondit son mari révélant son secret.
-Quoi, c'est toi qui l'a volé ?
-Oui, c'est moi.
-Tu peux me le montrer ?

Le bûcheron alla tirer l'habit hors de la cachette où il l'avait mis. La fée, en le voyant, le remet et pense au ciel. Elle prend ses enfants dans ses bras et s'envole avec eux. En remettant son habit de plumes blanches comme la neige, la fée s'est rappelé le ciel et elle a eu soudain envie d' y retourner alors que depuis longtemps elle n'y pensait plus jamais. Elle a pris dans ses bras ses deux enfants et elle s' est envolée. Bouche bée, le bûcheron l'a regardé disparaître avec ses enfants. Puis, il part chercher le cerf dont il avait autrefois sauvé la vie. Il lui raconte tout ce qui s' était passé.

Le cerf lui dit :
-Je vous avais pourtant bien recommandé de ne rien dire à la fée avant d'avoir votre troisième enfant. Il ne fallait pas lui rendre son habit de plumes !

Puis, voyant la tristesse du bûcheron, il ajoute :
-Bon, il y a peut-être une solution. Maintenant les fées n' osent plus venir, se baigner dans le lac. Elles ont peur. Alors, pour avoir l'eau fraîche et pure du lac, elles puisent l'eau avec un seau. Elles attachent le seau avec une longue corde et elles le font descendre pour le remplir et elles le remontent quand il est plein d'eau. Donc, ce soir, allez vous cacher près du lac et débrouillez-vous pour grimper dans le seau. Ainsi vous monterez au ciel vous-aussi. Le bûcheron fit ce que le cerf lui avait conseillé. Le soir venu, il alla au bord du lac et il se cacha. Quand il vit le seau descendre dans l' eau du lac, il se mit dedans et monta au ciel avec le seau.

bunni


Le Scieur de bois de Lune

Il y a très longtemps, au pays des dragons et des elfes vivait Willy, un scieur de bois de lune.

Willy était un beau jeune homme et, depuis très longtemps, les habitants de Lune-Bleue comptaient sur lui pour réchauffer leurs rigoureux hivers. En effet, chaque hiver, Willy allait scier du bois de lune pour ses amis les Bleus-Luniens.

Mais ce jour là... la lune ne se montra pas... 

Qu'arrivait-il donc ? Les Bleus-Luniens ne pouvaient vivre sans le bois de lune car c'était le seul qui pouvait les réchauffer sans faire fondre leur petites maisons de crème-glacée ! Ils étaient tous angoissés à l'idée de ce qui allait leur arriver ! 

C'est alors, qu'après maintes réflexions, Bogus, le sorcier du village ordonna à Willy d'aller à la recherche de la lune en lui disant ceci : 

-Willy, tu dois retrouver la lune. Tu es le seul qui la connaît bien et tu sauras sûrement où elle se cache ! Je te donne ce sachet de poudre de vent. Si un ennemi te prend par surprise, tu n'auras qu'à lui en lancer et il sera projeté plus loin que la plus lointaine étoile. Bonne chance ! 

Et Willy partit, laissant ses pas le guider. Après une longue marche sur le sentier de l'inconnu, Willy arriva à l'orée d'une magnifique forêt. Les arbres semblait percer les nuages et les fleurs lui donnaient l'impression de l'inviter à pénétrer dans la forêt. Willy répondit finalement à l'invitation des ravissantes fleurs et posa un pied à l'intérieur de la forêt. Aussitôt, les fleurs et les herbes se retirèrent découvrant un magnifique petit chemin de terre. Willy s'y lança et après quelque pas...

-Hé! Regarde donc où tu vas!! Tu vas m'écraser !!

Willy regarda à gauche puis, à droite mais il ne vit rien. Il crut donc que son imagination lui jouait des tours. Il allait continuer sa trotte quand :

-Hé, tu es sourd, je t'ai dit de faire attention !

Cette fois, il n'avait pas rêvé et il le savait bien !!

-Mais je ne te vois pas ,répondit Willy, qui es tu??

-Je suis là, à tes pieds ! Je suis un Hilroie et mon nom est Chibouk !

-Bonjour Chibouk ! Adieu Chibouk ! Je dois aller retrouver la lune !

-Moi, lui dit fièrement Chibouk, je sais où elle est !!

-Où ? Où ?

-À l'autre bout de la forêt, dans une grotte mais, elle est gardée par un dragon !!
-J'y vais mais... je n'ai rien pour me défendre !

-Va sous le platane, là-bas, et frappe le sol avec ton nez quatre fois. Une épée t'apparaîtra. Elle est magique et changera le dragon en une poussière que tu devras garder précieusement car un jour, elle te sera utile.


Après l'avoir grandement remercié, Willy fit ce que Chibouk lui avait dit et partit vers la grotte. Quelques mètres avant la grotte, les herbes commencèrent à se faire de plus en plus denses et de plus en plus laides. Willy arriva dans une grande forêt de ronces. Il s'y aventura, se faisant déchirer le visage et les bras par les épines puis, une ronce attrapa son pied et le fit trébucher... une autre saisit son bras... elles étaient donc vivantes !! Willy s'élança sur la ronce qui se refermait sur son bras et la mordit de toutes ses forces. Quelques gouttes de sang s'en échappèrent et les ronces se retirèrent, comme effrayées, laissant apparaître l'entrée de la grotte.

Willy y entra et cria :

-DRAGON, je suis venu reprendre la lune que tu as kidnappée.

Sur ce, le dragon s'avança d'un pas lourdaud et se jeta sur Willy. Un féroce combat s'engagea entre les deux ennemis puis, Willy sortit son épée et transperça le cœur du dragon qui se transforma en poussière verdâtre. Willy s'en empara et couru vers le fond de la grotte.

-Snif, snif, je suis seule ! Sauvez-moi!!

-Qui est là ? C'est toi lune ? demanda Willy un peu apeuré.

-Oui, sauve moi !

Willy s'avança pour y voir plus clair et découvrit une minuscule lune dans une infime cage de glace.

-Que t'est-il donc arrivé lune?

-Le dragon, pour me punir de ne pas lui avoir donné de bois de lune, m'a rapetissée. Je suis si triste et je m'ennuie de mes amies les étoiles!

Willy prit des pierres qui traînaient par terre et brisa la cage de glace mais les débris se métamorphosèrent à l'instant en un immense monstre de glace. Willy, ne sachant que faire, s'empara de la lune et courut vers l'extérieur. Soudain, il se rappela de la poudre de vent que lui avait donné Bogus. Il la sortit délicatement de sa poche et la lança sur le monstre qui fut projeté on ne sait où.

Willy reprit enfin la route qui l'avait mené jusqu'ici mais quelque chose le tracassait... la lune était si petite qu'il ne pourrait pas couper le bois de lune et les habitants de Lune-Bleue mourraient de froid ! Que faire... 

Arrivé au village, Willy alla, en catimini, voir le sorcier Bogus,
pour lui faire part de son inquiétude... 

-Bogus, je ne sais plus quoi faire ! Regarde la taille de la lune ! Elle est si petite que je ne pourrai pas couper de son bois, dit avec désespoir notre scieur de bois de lune. 

-Courageux Willy, j'ai suivi tout ton périple dans ma boule de cristal et je sais que tu connais l'antidote qui redonnera à la lune sa taille normal. Réfléchis aux paroles de Chibouk et tu te rappelleras... 

Willy fouilla et fouilla dans sa mémoire et soudain s'exclama: 

-La poussière de dragon !!! 

Il sortit de la maison du sorcier, courut, sous les yeux étonnés des Bleus-Luniens jusqu'à l'escalier qui le menait autrefois à la lune, le grimpa à toute vitesse et posa la lune sur la dernière marche. Il s'empara de la poussière de dragon et la jeta sur la lune qui, aussitôt, retrouva sa taille et sa place au milieu des étoiles. 

Willy descendit l'interminable escalier, acclamé de tous. Depuis ce jour, les Bleus-Luniens n'ont plus jamais froid et si parfois vous apercevez sur le visage de la lune un magnifique sourire, c'est qu'elle est maintenant le plus heureux des astres grâce au brave scieur de bois de lune!

bunni

#563

Le lion blessé

Il était une fois, il y a de cela très longtemps, dans une immense contrée d'Afrique,
un jeune lion qui vivait à l'écart de son clan.
En effet, son père et ses frères étaient de valeureux chasseurs qui ramenaient
chaque jours des monceaux de viande fraîche, nourrissante et savoureuse : de
l'oryx, du springbok, de la gazelle.
Hélas, sa mère avait disparu, tuée par des chasseurs lorsqu'il était encore jeune, et
très tôt il avait su ...accepter !

Il gardait d'elle sa douceur, et passait de longs moments à rêver d'elle, comme à la
rechercher la nuit parmi les étoiles.
Il n'avait aucun goût pour la chasse et les bagarres entre frères, préférant se
promener seul, le long du lac et des rivières.
Il admirait les couchers de soleil, le soir du haut de son promontoire.
Il était ébloui par la magie de la nature, la capacité qu'elle avait à se renouveler, à ...
changer !

Malheureusement un soir, il tomba par accident au fond d'un grand piège, que les
habitants du village avaient tendu, près du grand sycomore, où il venait souvent
s'allonger aux heures chaudes de la journée.
Là, il pouvait ...écoutez...chanter et rire les enfants de l'école, mais aussi le maître
répéter inlassablement les leçons.
Toute la nuit, il lutta courageusement malgré la blessure profonde que sa chute lui
avait infligé, et réussit à s'extraire du trou profond dans lequel il était tombé, se
meurtrissant considérablement les pattes arrières.
Clopin-clopant, il parvint encore à...avancer !
Souffrant beaucoup il lutta encore puis se reposa dans la forêt qu'il avait réussi à ...
gagner !
Ne pouvant plus se nourrir convenablement, isolé, incapable de rejoindre les siens, il
perdit presque toutes ses forces.
Il était réduit à la misère, ne survivant que de plantes et de racines, il avait le poil
terne et rare, sa crinière dégarnie laissait voir ses épaules décharnées.
A bout de forces et sentant sa fin proche, il s'allongea au pied du grand Banian, puis
sombra dans un sommeil ...profond !
C'est alors qu'il fut tiré du somme par le grand lion blanc qui vit seul dans les forêts !
«Ressaisis-toi ! »

Cette apparition lui indiqua une clairière dans laquelle il devait se rendre pour y
trouver l'arbre aux baies d'azur.
«Lorsque tu auras mangé ces baies, va te baigner dans le marigot où le phacochère
se repose lorsque le soleil est brûlant pour la peau.
Le marigot est alimenté par une source magique, tu retrouveras alors force, vigueur
et ...confiance !
Tu seras pour toujours ...protégé, dans ton corps, ton coeur, et dans ton âme.
Je te retrouverai là-bas. »
Aux premières lueurs de l'aube, le lion blessé rassembla ses dernières forces en se
traînant lentement et lutta pour ...avancez ! jusqu'à la clairière magique.
Il s'y rassasia des baies bleutées, douces, sucrées, nourrissantes qui lui procurèrent
un regain de vitalité.
Recouvrant ses forces, il se dirigea vers le marigot, occupé à cette heure matinale,
par un troupeau d'éléphants qui se baignaient, jouaient, s'aspergeaient
abondamment avec l'eau bienfaisante.
Le lion s'approcha et leur dit : « laissez-moi me baigner s'il vous plaît, je ne vous
veux aucun mal ! »

Ces mots furent accueillis par un tonnerre de barrissements moqueurs, énergiques.
Le chef du troupeau qui était une femelle lui posa la question : « Est-ce le grand lion
blanc qui t'envoie ? » « Oui répondit le lion. »

Très bien, il te reste une épreuve, vois-tu ce marigot derrière moi ?
Il mesure dix mètres de diamètre et cinq mètres de profondeur, quel est son volume ? »
Le lion se gratta la tête et réfléchit, il se souvenait de la formule magique que
l'instituteur répétait inlassablement aux écoliers, parmi les tables et les théorèmes.
Il dessina sur le sable la formule consacrée puis donna la bonne réponse qui fut
acclamée par un concert de trompes et une haie d'honneur.
Alors le lion blessé pénétra dans l'eau où il fut douché par l'eau bienfaisante dont les
éléphants l'aspergèrent.
Il s'y roula, il but et nagea dans cette eau qui allait le ...transcender !
Ses pattes ne lui faisaient plus du tout mal, il sortit de l'eau et s'ébroua.
Il avait retrouvé un pelage magnifique, des plus brillants, tendu sur une musculature
parfaite.
D'une voix ferme, il remercia chaleureusement les pachydermes et s'éloigna de sa
démarche féline et gracieuse.
Son flair recouvré, il retrouva facilement les siens, qui ne le reconnaissaient pas tant
il avait...changé !
Il dégageait tant de force, de calme et de sérénité que rien de mal ne pouvait plus
l'atteindre.
Son père et ses frères l'invitèrent à une partie de chasse, qu'il décida de ...refuser !
«Aurais-tu quelque lionne à retrouver plutôt que de te joindre à nous ? » demanda
son père ironiquement.
Non pas du tout, je suis revenu vous dire que je pars vivre avec le lion blanc qui vit
dans la forêt, il m'a permis de ...retrouver ! le goût de vivre.
A ces mots il salua sa famille et s'en alla vers ce lieu où il s'était enfin senti si bien,
heureux , protégé, compris.
Il coula par la suite la vie paisible et calme à laquelle il aspirait en compagnie du
grand lion blanc.

bunni


Le verger de grand-père

-Regarde ma chérie, les cerises commencent à rougir, d'ici quelques jours, je pourrai t'offrir de jolies boucles d'oreille.

Emilie se souvenait de l'an dernier, des paroles de son grand-père, cette année il ne pourrait plus lui faire de telles promesses, il était parti pour le grand jardin, celui dont on ne revient jamais.

De gros nuages noirs passaient dans les yeux bleus de la petite fille, puis le soleil revenait à nouveau, ce doux soleil de printemps qui caressait les fruits rougissants.

-Tu attends que les cerises soient mûres ?

Emilie sortait brusquement du cours de ses pensées, cette voix semblait provenir du feuillage de l'énorme cerisier. La demoiselle levait les yeux vers le sommet de l'arbre mais elle ne voyait personne  perché sur les branches.

-Ce n'est pas l'arbre qui parle, les arbres ne parlent pas, se disait-elle.

Pourtant, à un endroit précis, le cerisier était agité par un léger frémissement, comme si un courant d'air s'obstinait sur une branche chargée de fruits.

-Tu me cherches mignonne demoiselle, regarde derrière toi à présent.

Se retournant, Emilie ne voyait qu'un oiseau noir perché sur un poteau, tenant dans son bec une cerise.

-C'est toi qui parle petit corbeau ?

L'oiseau secouait la tête de haut en bas, comme pour dire oui, puis il avalait tout rond le fruit et rouvrait le bec.

-Petit corbeau ? Tu es bien une fille de la ville, tu ne sais pas faire la différence entre un vilain corbeau croassant et un merle chanteur tel que moi, écoute ma chanson.

Le merle noir sifflait le début d'une rengaine qu'Emilie reconnaissait, elle l'entendait souvent sur la radio de sa grand-mère.

-C'est bien moi qui te parle jeune fille, c'est bien moi.

Emilie reculait vivement de deux pas au risque de tomber en arrière, elle était apeurée, un oiseau, fut-il merle chanteur, capable de tenir une conversation, cela n'existe pas.

-Je rêve, j'ai déjà entendu des perroquets parler, mais ils ne font que répéter les mêmes phrases, et d'une voix nasillarde...mais dis-moi merle noir chanteur et parleur, tu viens de manger une cerise qui appartient à grand-mère, qui t'as donné la permission ?

Sautant de son perchoir, sautillant de droite à gauche puis d'avant en arrière, le drôle d'oiseau se moquait bien des remontrances de petite fille, d'ailleurs son babillage ressemblait à un rire.

-Permission, permission ! tu m'amuses, crois-tu que je dois demander une autorisation aux propriétaires de jardins et de vergers pour manger quelques petits pois, picorer des fraises et me gaver de cerises ? Sache que mes ancêtres étaient sur ce territoire bien avant les tiens, quand il n'était couvert que de forêts et d'étangs...et puis je mange aussi des insectes, je suis utile moi, j'ai bien droit à un dessert de temps en temps...

Le merle continuait sa sarabande, s'éloignant puis se rapprochant, débitait encore ses jérémiades.

-Bon puisque c'est ainsi, moi et les miens ne mettront plus les ailes dans ce verger, les fruits à peine mûrs seront la proie des mouches, et sais-tu ce que font les vilaines mouches ? elles pondent des œufs dans la chair même des cerises, des prunes et des pommes, ces œufs éclosent et deviennent d'affreux vers jaunes ou roses constamment agités, tu retrouveras ces dégoûtants personnages en ouvrant les fruits, pire, tu risques d'en avaler sans  t'en apercevoir, et, comme tu n'es pas un oiseau, ton estomac ne supportera pas un tel régime, tu seras malade, tu vomiras...pouah !

Emilie réfléchissait, elle se souvenait que les années précédentes, son grand-père pestait contre les maudits volatiles qui sans vergogne venaient dépouiller son cerisier.

-Utile, c'est toi qui le dis, tu abimes dix cerises pour n'en manger qu'une seule, regarde par terre, le désastre.

Le merle déployait ses ailes et venait s'installer sur une branche basse, à hauteur du visage d'Emilie.

-J'avoue que je suis gourmand, et puis un peu maladroit.

-Et puis tu n'attends pas qu'elles soient vraiment mûres.

-Quand il fait chaud, seulement quand il fait chaud, les fruits un peu acides sont plus rafraîchissants...mais pour te faire plaisir, je ne mangerai que ceux qui se trouvent tout en haut de l'arbre, ceux que tu ne peux atteindre, toi, puisque tu n'as pas d'ailes.

L'oiseau battait des ailes, manifestement, il se moquait de la demoiselle.

-Je vais demander à mes amis de respecter ce pacte, nous te laisserons intactes les cerises accessibles.

-Merci monsieur le merle noir, vous êtes bien aimable.

L'oiseau n'avait pas attendu de merci, il s'était envolé vers le ciel, sifflant une autre rengaine.

-On dirait la chanson que papy sifflait l'an dernier.

Emilie était troublée, elle s'asseyait dans l'herbe et fermait les yeux, il lui semblait que le bon grand-père était tout près, elle entendait sa respiration, elle sentait l'odeur de tabac.

-Vous m'avez fait peur.

Deux merles, un noir et un gris tournoyaient autour d'elle, en un éclair l'un et l'autre déposaient deux pendants de cerises sur ses oreilles.

-De la part de ton grand-père.

Rapidement, les deux compères disparaissaient.

-Comment, mademoiselle dort, ce n'est pourtant pas l'heure.

Emilie se frottait les yeux, sa grand-mère se tenait devant elle, avec son beau sourire et son doux regard.

-Quel drôle de rêve je viens de faire.

En prononçant ces mots, la petite fille portait les mains à ses oreilles...les pendants étaient bien là.

-Où as-tu cueilli ces magnifiques cerises ? Elles sont bien rouges, elles viennent du sommet c'est certain, là où le soleil hâte le mûrissement.

Emilie regardait vers le faîte du cerisier, des merles par dizaine picoraient à qui mieux mieux, elle semblait distinguer celui qui avait parlé, mais allez donc reconnaître un oiseau à une telle distance.

-Regardez-moi ces vandales, ils ne vont rien nous laisser, je ne pourrai pas même de faire un clafoutis.

La brave grand-mère avait tort de se lamenter, tous les oiseaux du quartier avaient évité les branches du bas, quelques jours plus tard, Emilie pouvait se régaler de clafoutis et s'offrir d'autres pendants d'oreilles, mais aucun fruit n'avait la couleur éclatante de ceux offerts par le couple de merles, d'ailleurs elle les avait gardés, enfermés dans une petite boîte, il semblait ne jamais se gâter.

bunni


Flavela, la petite goutte de pluie

Il était une fois, au royaume de la pluie, une petite goutte de pluie. Elle s'appelait Flavela. Sa mère lui disait toujours : « Un jour, ma fille, lorsque tu seras grande, tu partiras voir d'autres royaumes. Mais souviens toi, ma fille, tu finiras toujours par revenir dans notre royaume. »

Flavela avait écouté ces paroles avec beaucoup d'attention. Elle attendait avec impatience ce grand jour.

Lorsqu'il arriva, ce grand jour...

Sa maman vint la voir et lui dit : « Flavela , Flavela, ma petite chérie, tu pars demain matin. A bientôt. »

-Au revoir, maman, dit Flavela, toute émue.

Le lendemain, Flavela se retrouva devant le grand saut. Elle n'était pas seule. Luna, Kaki et Matina étaient là, elles aussi.

Dès qu'elle les vit, Flavela fut moins troublée. Elle leur dit : « Alors, vous aussi, c'est le grand saut ?

-Oui, j'ai peur, fit Kaki.

-Moi, je n'ai pas peur, répondit Luna, gaillarde.

Surprise, Flavela, Kaki e et Matina fixait Luna du regard. Elle poursuivit alors : « Non, non, je n'ai pas peur, car mon papa m'a raconté combien c'était merveilleux de faire le grand saut. Et puis, on reviendra dans notre royaume, vous savez....
-Ah oui ? Et comment ? demanda Kaki.

Luna, toujours aussi d'aplomb répondit en haussant les épaules : « Je ne sais pas. Mais je sais que nous reviendrons. C'est papa qui me l'a dit. »

Perplexes, Flavela, Kaki et Matina se regardaient mutuellement.

«Maman aussi me l'a dit, dit Flavela. Alors cela doit être vrai. Mais moi non plus je ne sais pas comment je reviendrai.

-J'ai toujours peur, moi, dit encore Kaki.

-Tu n'as qu'à fermer les yeux et retiens bien : nous reviendrons toutes les quatre au royaume de la pluie. »

Dès qu'elle prononça cette dernière phrase, Flavela sentit comme un grand souffle la pousser vers le néant. C'est alors qu'elle étendit les bras comme un oiseau. Derrière elle, elle entendit la voix de sa mère lui dire encore :

«Souviens-toi, ma fille, ne pénètre jamais dans les grands trous noirs. Reste toujours à la lumière. »

Elle ferma les yeux et dit tout doucement : « Oui maman ». Et elle fit le grand saut, en même temps que Luna, Matina et Kaki.

Baignées dans un océan de lumière, les petites gouttes de pluie tombèrent vers l'inconnu. Il y avait là un beau rayon de soleil.

Flavela entreprit alors de le chevaucher avec ses copines.

«Venez, nous allons glisser sur ce rayon de soleil, dit-elle.

-Bonne idée », fit Luna.

Le petit groupe se dirigea sur le rayon de soleil. Celui-ci, heureux d'avoir enfin de la compagnie, fit une surprise aux petites gouttes de pluie.

Il se transforma en un bel arc-en-ciel.

«Oh , fit Kaki, les jolies couleurs dans le ciel.

-Oui, c'est beau, fit Luna. Si on se laisse glisser, on arrivera plus bas.

-Vite, dit Flavela.

Et elles se laissèrent glisser le long de l'arc-en-ciel, comme dans un toboggan géant.

A la fin de l'arc-en-ciel, elles se retrouvèrent à nouveau en chute libre.

«Qu'est-ce que j'aime ça, dit Flavela. J'aimerais que cela ne s'arrête jamais.

-Tout à une fin, dit Luna.

-Non, dit Flavela. J'aimerais continuer à tomber encore comme ça encore longtemps.

-Alors, il faut trouver quelque chose qui nous permettra de rester dans le ciel, dit Luna.

-Tu as raison, dit Flavela.

-Qu'est-ce que cela pourrait être, demanda Matina.

Flavela réfléchissait lorsqu'elle vit un oiseau juste là, un peu plus bas.

«Vite », cria t-elle à ses amies. « Partons sur le dos de cet oiseau. Avec ses ailes, il nous transportera plus loin. »

Aussitôt dit, aussitôt fait, voilà notre petit groupe sur l'oiseau. Matina se trouve sur sa queue, Luna sur son aile, Kaki sur son bec et Flavela proche de ses yeux.

L'oiseau l'aperçut. Il lui dit : « Bonjour, petite goutte de pluie.

-Bonjour, répondit Flavela, toute timide.

-Que désires-tu ? demanda l'oiseau.

-Mes copines et moi, nous aimerions partir encore un peu plus loin. Nous voulons voir d'autres choses que les autres gouttes de pluie comme nous pour avoir plein de choses à raconter à notre retour.

-Ah, fit l'oiseau. Je connais un arbre seul dans une vaste prairie. Il se trouve plus loin d'ici. Je suis sûr qu'il aimerait avoir un peu de compagnie.

-Merci, monsieur l'oiseau, dit Flavela.

Après quelques battements d'ailes, Flavela vit au loin, perdu au milieu d'une vaste prairie, un arbre majestueux.

A sa vue, Matina, Kaki, Luna et Flavela firent ensemble : « Oh, qu'il est beau ».

«Arrivée à destination, cria l'oiseau. Sautez maintenant. »

Flavela sauta la première, et hop, sur la cime de l'arbre. Matina et Luna suivirent, et hop, à côté de Flavela.

«Où es Kaki, demanda Flavela.

-Je ne sais pas, dit Luna.

-Moi non plus », fit Matina.

Elles cherchaient encore autour d'elles lorsqu'elles entendirent au dessus : « A moi, au secours. Je ne sais pas comment vous rejoindre. »

C'était la petite Kaki. Celle-ci, troublante de peur, s'était accrochée au bec de l'oiseau.

«Lâche son bec, cria Flavela.

-Non, j'ai trop peur, criait encore la pauvre Kaki.

-Fais comme nous voyons, regarde où nous sommes maintenant.

-Non, je ne veux pas le lâcher, criait toujours Kaki.

-Mais tu préfères rester seule, suggéra Flavela.

-Oups, fit Kaki. Elle réfléchit brièvement et compris bien vite qu'elle devait lâcher le bec de l'oiseau pour retrouver très vite ses copines.

-Ah, enfin, te voilà, fit Matina, une fois que Kaki était enfin descendue du bec de l'oiseau. Tu nous as fait peur. Ne recommence pas, d'accord.

-D'accord, fit Kaki encore sous l'émotion. »

Elles étaient maintenant toutes les quatre sur la branche de l'arbre.

«Bonjour, monsieur l'arbre.

-Bonjour les gouttes de pluie, répondit l'arbre.

-Monsieur l'oiseau nous a dit que vous êtes bien seul dans cette vaste prairie et que vous aimeriez notre compagnie.

-Oh, fit l'arbre. Ce monsieur l'oiseau a bien raison. Je suis planté là, et je ne peux aller nulle part. Je ne rencontre que les personnes qui viennent à moi, comme vous par exemple. Mais j'aimerais encore mieux aller et venir à ma guise. J'aimerais aussi tant rencontrer d'autres arbres comme moi.

-Que tu as l'air triste, dit Flavela.

-Oui, c'est triste d'être seul, dit l'arbre.

-Mais tu n'es plus seul, dit encore Flavela.

-C'est vrai, nous sommes là, nous, dit Luna.

-Vous êtes très gentilles, mais vous devez retourner dans votre royaume, le royaume de la pluie. Là, vous serez plus heureuses que moi car vous rencontrerez encore d'autres gouttes de pluie.

-Mais je ne sais toujours pas comment faire pour retourner là haut, dit Flavela.

-Ne t'en fais pas, dit l'arbre. Tu le sauras le moment venu. Pour l'instant, il faut essayer le grand voyage dans le fleuve. Les autres gouttes de pluie qui sont venues me voir avant vous m'ont raconté combien c'était palpitant.

-Oh, firent les gouttes de pluie. Mais ils y en a eu d'autres, demanda Flavela.

-Oui. Vous aussi vous reviendrez peut être.

Flavela regarda ses copines. Elle les vit toutes aussi étonnées qu'elle pouvait l'être. Et elle demanda à l'arbre : « Le grand fleuve ?

-Oui, le grand fleuve, dit encore l'arbre. Il est juste là bas. Vous l'entendez ?

Flavela et ses copines tendirent l'oreille. Puis elles entendirent au loin comme un doux mugissement. C'était le bruit du fleuve.

«C'est si loin, dit Flavela. Comment ferons-nous pour aller là bas ?

-Il vous faut de l'aide, dit l'arbre.

-Toi, tu es grand et fort. Tu peux nous aider, n'est-ce pas ? demanda Flavela à l'arbre.

-Non, malheureusement, dit l'arbre.

-Mais si, lui dit encore Flavela. Avec tes grandes branches, tu peux nous conduire jusqu'au fleuve.

-Désolé, dit l'arbre. Je suis un arbre. Je ne peux pas me déplacer. Regardez.

Il essaya de bouger devant elles pour en faire la démonstration. Rien à faire, il restait figé malgré tous ses efforts.

Flavela ne désespérait pas pourtant. Elle lui dit : « Ne t'en fais pas, nous trouverons bien le moyen de rejoindre le fleuve. J'y réfléchis. »

Puis elle entendit à côté d'elle Kaki dire : « J'ai envie de dormir ». Et elle tendit bien haut les bras et ouvrit bien grand la bouche et elle se mit à bailler.

Hmmm, moi aussi, fit à son tour Luna.

Puis ce fut au tour de Matina. Et enfin celui de Flavela. Elles se mirent toutes à bailler et elles s'endormirent sur la branche de l'arbre.

Le lendemain, elles se réveillèrent au même endroit. Quatre gouttes de pluie étaient perchées en haut sur la branche de l'arbre.

« Oh, maman, fit une petite fille qui se trouvait au pied de l'arbre. Regarde ces quatre gouttes de pluie en haut endormies sur la branche de l'arbre. »

Flavela ouvrit les paupières la première et vit une petite fille vêtue tout de rose tenant la main de sa maman.

«Oh, dit Flavela, peut-être que la petite fille voudra bien nous conduire jusqu'au fleuve.

-Demande-le lui, » dit Luna.

Flavela prit ses copines par la main et elle se tourna vers la petite fille. Elle lui dit : « Petite fille, petite fille ».

La petite fille fut d'abord surprise d'entendre parler une petite goutte de pluie puis elle répondit :

«Je m'appelle Antonella. Et vous, qui êtes-vous, comment vous appelez-vous ?

-Nous sommes quatre gouttes de pluie. Je m'appelle Flavela et voici mes copines, Luna, Kaki et Matina.

-Que vous êtes belles ...., dit Antonella.

-Toi aussi, tu sais, fit Flavela. Nous avons besoin de ton aide, Antonella.

-Ah oui, fit elle. Je t'écoute.

-Nous voulons nous rendre dans le grand fleuve qui se trouve juste derrière toi. Nous ne pouvons pas nous y rendre seules. Peux-tu nous y conduire ?

-Oui, mais bien sûr. Sautez sur le bout de ma main. Nous y allons.

Et hop, elles sautèrent ensemble sur la main tendue d'Antonella.

«Et nous sommes parties, dit Antonella à ses nouvelles copines.

-Au revoir monsieur l'arbre. Et ne soyez pas triste car vous rencontrerez encore d'autres gouttes de pluie comme nous.

-Au revoir, gentilles gouttes de pluie.

Les gouttes de pluie partaient vers le grand fleuve grâce à leur nouvelle copine, Antonella.

Au détour du chemin, Flavela vit une flaque d'eau, aussi paisible qu'une mer endormie.

Elle demanda alors à son amie Antonella :

«Antonella, si je saute dans cette flaque d'eau, tu penses que je pourrais rejoindre le fleuve ?

-Non, attends encore un peu. Il n'est plus très loin. Je t'y emmène », répondit Antonella.

Chemin faisant, Flavela et ses copines admiraient le paysage. Flavela voyait disparaître au loin l'arbre, seul, au milieu de sa vaste prairie. Plus elles se rapprochaient du fleuve, plus elles voyaient une multitude de fleurs de toutes les couleurs. Elles étaient si belles que Flavela et ses copines eurent envie de faire leur connaissance.

Flavela dit alors à Antonella :

«Antonella, nous avons changé d'avis. Nous préférons aller sur cette jolie fleur violette, là, juste à tes pieds.

-Mais, et votre voyage dans le grand fleuve. Il est juste là, tu sais, répondit Antonella.

-Ce n'est pas grave, une autre fois peut-être. Nous voulons vraiment aller rencontrer cette fleur.

-Alors si c'est ce que vous voulez, je vous laisse. A bientôt », dit Antonella.

Elle se baissa vers la fleur violette et fit glisser les gouttes de pluie sur une des jolies pétales de la fleur.

«Au revoir », firent nos quatre goutte de pluie une fois arrivées sur la pétale de la fleur.

C'est Flavela qui glissa la première. Puis Luna, puis Matina et enfin Kaki.

«Comme ça sent bon, fit Luna une fois arrivée sur la pétale.

-Oui, ça ressemble au parfum de ma maman, dit Flavela.

«Petite fleur, comment t'appelles-tu ?

-Tout le monde m'appelle Joya. Vous êtes de jolies gouttes de pluie. Vous pouvez rester avec moi, si vous le désirez. Mais faites attention à mes amies les abeilles. Elles ne sont pas méchantes. Elles viennent juste butiner.....Mais attention, elles risquent de vous avaler.

-Nous ferons bien attention, dit Flavela.

-Justement, en voilà une, dit Joya. Cachez vous sous mon bras, vite. »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Nos quatre gouttes de pluie trouvèrent refuge sous le bras de Joya.

Une fois l'abeille partie, Joya demanda aux quatre gouttes de pluie :

«Mais que font quatre gouttes de pluie hors de leur royaume, hein ?

-Nous faisons notre grand voyage. C'est notre premier voyage... dit Flavela

-Ah oui, dit encore Joya. Mais faites attention, ne pénétrez jamais dans les grands trous noirs, restez toujours à la lumière.

-Oui, fit Flavela. Maman me l'a dit le jour de notre départ.

-Qu'est-ce que cela veut dire, demanda Luna ?

-Ca, vous le saurez bientôt, dit Joya. Maintenant, que voulez vous faire ?

-Nous voulons nous rendre dans le grand fleuve, là, juste à côté, dit Flavela. Mais nous ne savons pas comment faire.

-Hmmm, moi, toute seule, je ne peux pas vous y conduire. Mais je peux le faire avec mes copines, dit Joya.

-Ah oui », firent ensemble les quatre gouttes de pluie toutes étonnées.

Joya se réjouissait de les voir si surprises. Elle leur dit : « Attention, tenez vous prêtes ». Elle cria à sa voisine :

«Tiens, je te donne quatre gouttes de pluie. Elles veulent aller dans le fleuve qui coule juste là. Fais les passer aux autres fleurs qui se trouvent au bord du fleuve.

-Oui, donne-les moi », dit la voisine de Joya.

Cette dernière fit passer les quatre gouttes de pluie à sa voisine et ainsi de suite. C'est comme cela que nos quatre gouttes de pluie furent transportées de fleurs en fleurs jusqu'au fleuve. Une fleur avait les pétales jaunes, l'autre les avaient roses, etc. La dernière fleur qui les accueillit était de couleur orange.

Elle leur dit :

«Attention au grand saut. Je vous glisse dans le fleuve.

-Merci », dit Flavela.

La fleur se baissa lentement vers le fleuve et laissa tomber les quatre gouttes de pluie dans le fleuve.

Plouf, plouf, plouf, plouf, fut le bruit des quatre gouttes de pluie tombées dans le fleuve.

Voilà, elles y étaient.

«C'est tranquille, comme endroit, fit Flavela.

-Tu trouves, lui dit Kaki.

-Oui, continua Flavela. Je m'attendais à quelque chose de plus turbulent, de plus joyeux, voire même quelque chose de dangereux.

-«Dangereux », releva Kaki, tremblante de peur.

-Ah, ah, ah, fit Flavela, n'aies pas peur. Tu vois bien qu'il ne se passe rien. »

Pendant ce temps, le fleuve, paisible, les écoutait.

Il se mit à leur parler. Il leur dit : « Bonjour, les petites gouttes de pluie. Vous êtes nouvelles, dites-moi ? »

Kaki et les autres sursautèrent. Il leur dit alors :

«N'ayez pas peur, dit-il. Je ne suis pas méchant.

-Bonjour, fit Flavela, courageuse.

-Bonjour, firent les autres gouttes de pluie.

-Alors comme ça, vous me trouvez paisible. Je vous montrerai un endroit où vous pourrez vous amuser. Venez, suivez-moi. »

Les gouttes de pluie se laissèrent couler le long du fleuve. Il leur montra un peu plus loin une série de petites cascades.

«C'est ici, vous verrez, allez-y, vous vous amuserez bien là, dit le fleuve.

-Merci, monsieur le fleuve, » dit Flavela.

C'est elle qui partie la première. Une fois dans la première cascade, elle cria à ses copines : « Suivez-moi, c'est amusant. »

Ses copines se jetèrent à leur tour dans les cascades.

Luna dit à sa copine Flavela : « Tu as raison, c'est amusant ». Elles tombaient de cascades en cascades et lançaient à chaque fois des cris de joie.

Flavela, voyant une branche morte gisant juste au dessus d'une cascade, profita de son élan pour sauter sur elle, faire un tour complet avant de la lâcher et de retomber dans l'eau en poussant l'un des plus grand cris de joie.

Mais toute bonne chose a une fin. Les cascades avaient cessé et le fleuve, turbulent, était redevenu un grand fleuve tranquille.

Nos quatre gouttes de pluie se laissaient porter par le courant, exténuées. Elles se trouvaient maintenant presque sur le bord du fleuve.

Soudain, un bruit étrange retentit :

«Flap, flap, flap, flap, ... »

-Qu'est-ce que c'est ?, demanda Kaki.

-Je ne sais pas, répondit Luna.

-Regardez plus loin, sur la rive où nous nous dirigeons. C'est le loup qui fait ce bruit étrange avec sa gueule.

En effet, penché sur le fleuve, un loup se désaltérait longuement.

Soudain, Flavela ouvrit de grands yeux apeurés et dit :

«Sa gueule ressemble à un grand trou noir. Il n'y a pas de lumière. Attention, il ne faut pas y pénétrer.

-Mais comment allons-nous faire, s'inquiéta Matina. Le courant du fleuve nous conduit droit sur lui et dans sa gueule.

-Non, dit Flavela. Le fleuve nous aidera. Fleuve, aide-nous, vite.

Le fleuve entendit l'appel de détresse. Il envoya alors une de ses grosses vagues qui poussa les quatre gouttes de pluie, loin, très loin du danger.

«Merci, monsieur le fleuve, dit Flavela.

-Appelez-moi encore si vous avez besoin d'aide, dit le fleuve.

-Oui, fit Flavela.

-Dormez maintenant, dit le fleuve. Vous rentrez bientôt dans votre royaume.

-Déjà ? Demandèrent ensemble les quatre gouttes de pluie.

-Oui, déjà, répondit le fleuve.

-Puis les voyant triste, il poursuivit en disant : « Mais ne vous en faîtes pas, vous reviendrez. Dormez petites gouttes de pluie. »

La nuit était tombée. Nos quatre gouttes de pluie, endormies, se laissaient porter par le courant, protégées par le fleuve.

Au petit matin, au premier rayon de soleil, Flavela ouvrit les yeux. Elle vit un immense nuage posé sur le fleuve.

«Bonjour Flavela, dit le nuage.

-Oh, comment connais-tu mon nom ? demanda Flavela.

-C'est parce que je suis ton ami. Je viens vous chercher toi et tes copines pour rentrer dans votre royaume, répondit le nuage.

-Comment ça, demanda Flavela.

-Je viens d'en bas le soir et le matin, je monte au ciel au royaume de la pluie. C'est grâce à moi que vous remonterez au royaume de la pluie. Vite, il faut monter sur mon dos.

-Ah, c'est comme ça que je reviens au royaume de la pluie.

-Oui, Flavela. Fais vite. Réveille tes amies. Nous devons partir avant le lever du soleil. Sinon, il sera trop tard. »

Flavela regarda autour d'elle. Elle vit Luna, Matina et Kaki encore toutes endormies.

«Vite, réveillez vous. Nous rentrons à la maison. Vite, grimpez sur le dos de ce nuage », ordonna Flavela.

Les autres gouttes de pluie obéirent et elles partirent toutes à cheval sur le dos du nuage.

Cependant, comme la nuit avait été courte, elles s'endormirent à nouveau.

Bien plus tard, Flavela se réveilla dans son lit. Sa maman, penchée sur son visage, lui souriait.

«As-tu bien dormi ? lui demanda-t-elle.

-J'ai fait un rêve, maman, dit Flavela.

-Mon enfant, ce n'était pas un rêve. C'était ton premier voyage. Tu as été courageuse, tu sais....

-Oh, c'était vrai tout ça, fit Flavela.

-Oui, ma chérie. Je suis fière de toi.

Et sa maman la prit dans ses bras pour lui donner un gros baiser.

Mais Flavela n'en revenait toujours pas. Ce n'était donc pas un rêve. Elle se dit alors tout bas :

«Alors la prochaine fois, je ferai encore mieux. »

bunni


KA-WA-TA, LE PETIT LAPIN
(D'après un conte amérindien)


Autrefois, il y très, très, très longtemps, Ka-Wa-Ta, le petit lapin était le plus grand de tous les animaux. Et c'était aussi le plus fort !
C'était un chasseur, mais alors, croyez-moi, le plus grand chasseur que l'on eut jamais connu ! Il posait ses pièges le soir et le matin il venait les relever : malheur aux animaux imprudents qui en étaient prisonniers car personne ne les revoyaient plus jamais !
On raconte même que c'est à cause de Ka-Wa-Ta que les dinosaures ont disparu mais, franchement, ça je n'y crois pas : tout simplement parce que Ka-Wa-Ta a toujours eu peur des reptiles et que, c'est bien connu, toutes ces grosses bêtes, tous ces dinosaures, étaient des reptiles ! Et puis, en plus, ils vivaient à une époque tellement ancienne que même Ka-Wa-Ta n'était pas encore né : alors, hein !
Toujours est-il que Ka-Wa-Ta pouvait manger toutes sortes de bonnes choses que, même chez « Mac Do », vous ne trouveriez pas, et que l'on peut se demander si, justement, ça n'était pas grâce à cela qu'il était si grand et si fort !

Un matin, quelle ne fut pas la surprise de Ka-Wa-Ta ! Dans un de ses pièges, il avait attrapé... Devinez quoi ?
Il avait attrapé le Soleil !
Ah, certainement qu'il avait mal dormi, le Soleil ! Et que son réveil était difficile et encore plein de brumes...
Parce que, n'allez pas croire : le Soleil, il est très, très intelligent et si tout avait été comme d'habitude, jamais il ne se serait fait prendre, même par Ka-Wa-Ta, le plus grand de tous les chasseurs !
Et bien, ce matin-là, c'est comme ça, il se retrouva pris au piège !
Ka-Wa-Ta, si grand, si fort qu'il était, n'en restait pas moins figé de surprise : jamais de la vie il n'avait eu l'intention de prendre le soleil ! Alors, il restait là, immobile, les bras ballants, sans rien faire.
Le Soleil l'aperçut et le reconnu :
-«Ka-Wa-Ta, c'est toi qui m'as piégé ainsi ! Mais tu dois me libérer au plus vite : il faut que je monte tout en haut du Ciel, sinon toute la Terre va brûler ! »
Ka-Wa-Ta s'approcha du Soleil pour le libérer. C'était encore le matin et, heureusement, le Soleil ne dégageait pas encore toute sa chaleur mais, malgré cela, tout autour du Soleil, les herbes sèches devenaient cendres, les buissons se racornissaient, devenaient tout noir, les fleurs se fanaient, se desséchaient et disparaissaient.
Ka-Wa-Ta voulu couper la corde qui retenait le Soleil prisonnier mais la chaleur était si forte qu'il ne put s'en approcher à moins de dix mètres : il dût faire demi-tour...
Mais, à cause de la chaleur, il avait fondu de moitié !
-«Ka-Wa-Ta ! Dépêches-toi de me libérer. L'heure avance et je sens ma chaleur qui augmente ! » s'écria le Soleil.
Ka-Wa-Ta fit un nouvel essai : il s'approcha jusqu'à deux mètres du Soleil mais la chaleur était si intense qu'il dût, à nouveau reculer !
Il fondit encore de moitié, de sorte que sa taille n'était plus qu'au quart de ce qu'elle était à l'origine !
-«Ka-Wa-Ta, Ka-Wa-Ta... La terre brûle : délivre-moi, vite ! »
Dix fois, vingt fois... Que dis-je ? Mille fois peut-être, Ka-Wa-Ta essaya de délivrer le Soleil.
Chaque fois sa taille fondait de moitié.
Et le Soleil restait prisonnier !

Rappelez-vous que Ka-Wa-Ta était un grand chasseur, très fort et aussi très courageux. Il n'eût jamais l'intention d'abandonner ! Alors, il s'aspergea d'eau et se couvrit d'un linge humide puis replongea dans la fournaise.
C'était épouvantable : il fondait à vue d'œil !
Et le Soleil restait prisonnier...
Ka-Wa-Ta se désespérait : il ne savait plus que faire... Fort et courageux, c'est entendu, mais maintenant de petite taille ! Et c'est alors qu'il eût l'idée de se protéger d'une pierre, d'un caillou...
La Montagne d'Arrée, toute proche, produisait déjà de magnifiques ardoises, larges, lourdes et épaisses, insensibles aux températures. Ka-Wa-Ta se choisit une ardoise très solide, très grande : si grande, si lourde qu'il fallait qu'il fût encore vraiment très fort pour la porter !
Ainsi protégé, il bondit une dernière fois vers le Soleil et, avec son couteau, parvint enfin à trancher la corde qui le retenait prisonnier...
Ka-Wa-Ta avait encore fondu de moitié mais le Soleil, enfin libre, s'élança dans le Ciel :
-«Merci Ka-Wa-Ta, s'écria le Soleil, tu es vraiment un très grand chasseur, le plus courageux que je connaisse !
Ka-Wa-Ta, épuisé, essoufflé, pût enfin se reposer : il dormi huit jours et huit nuits...

C'est de ce jour qu'il acquit la taille que nous lui connaissons aujourd'hui : lui qui était le plus grand, le plus fort de tous les animaux de la Terre, est devenu un animal ordinaire, chassé par le loup, par les chiens, par l'homme. Il est devenu craintif et il a bien raison car, sans cela, il y a longtemps qu'il aurait été mangé !

bunni


LA MER, LE SOLEIL ET LE VENT

L'histoire que je vais ici conter n'est pas une histoire que j'ai inventée : elle m'a été rapportée comme vérité par un vieux crabe dont j'ai fait la connaissance un jour que j'étais parti par dessous et tout au fond de la mer des bretons.
Ce crabe était tout couvert d'algues, de lichens, de crustacés, ce qui montre bien qu'il était très très vieux.
Sans doute il m'avait pris en amitié car, mis en confiance, il m'a raconté cette histoire tout d'un trait. Et lui la tenait pour vraie.


Ainsi donc, en ces temps - là... Mais il s'agit de temps très anciens - bien des milliers et des milliers d'années avant les pyramides d'Egypte ! - c'est même avant le temps où les hommes connaissaient le langage universel. Alors ils pouvaient parler avec les animaux et les comprenaient. Ils étaient aussi capables de communiquer avec les plantes et, plus surprenant encore pour nous, avec les éléments que nous appelons les « choses ».
C'est dire que cette histoire est véritablement très ancienne car, si le vieux crabe a pu m'en parler, c'est que nous étions sûrement lui et moi déjà bien âgés , et que, avant nous, elle avait été transmise du règne minéral au règne végétal puis, enfin, au règne animal. Mais de cette transmission je ne vous dirai rien, en ignorant tout du cheminement.

Voilà : cette histoire concerne la Mer, le Soleil et le Vent et remonte à l'origine de notre monde.
La Terre était toute neuve et encore toute recouverte par la Mer qui était comme qui dirait à l'âge d'enfance, une petite fille rieuse et espiègle, riche de la VIE qu'elle portait déjà en elle mais qu'elle ignorait encore. Elle était spontanée et sensible, réagissant immédiatement à tout ce qu'elle ressentait.
Le Soleil n'était pas très vieux : disons un adolescent plein de prestance et de promesses. Il était beau, très beau, la BEAUTE même, éblouissant et fort : la jeunesse du monde !
Quant au vent, taquin, lui venait du fonds des âges, d'autres galaxies et l'on dit même qu'il a existé de tout temps, intersidéral, et qu'il est le MOUVEMENT...
Tout d'abord, ces trois là, la Mer, le Soleil et le Vent, faisaient plutôt bon ménage. Ils étaient amis et s'entendaient fort bien, surtout pour faire des farces (ce qui, entre nous, provoquait à notre échelle des bouleversements incroyables : l'éclat de rire de la Mer...Bonjour les raz de marée ! Un éternuement du Vent : un cyclone qui efface tout sur son passage. Quant au Soleil, je ne vous dis pas quand il s'énervait, s'échauffait ! Heureusement que nous, les humains, n'étions pas encore en ce monde : ç'aurait été insupportable !
Donc, comme je vous le disais, la Mer, le Soleil et le Vent s'entendaient comme « larrons en foire » et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
C'est plus tard que les choses se sont gâtées : quand le soleil fût devenu un grand Soleil, nécessaire à toute vie sur terre, adoré des êtres vivants qu'il avait contribué à créer, devenu un Dieu pour l'homme, enfin né à ce monde : « Ô soleil, donne - moi de ta force ; réveille notre terre, fais germer le grain... ». Et les plus vieux : « Réchauffe mes os... ». Qu'est - ce que vous voulez : c'est vrai que de son aura il réchauffait tout en ce monde. Il a pris la grosse tête, le Soleil ! Présomptueux il était devenu, se pavanant au firmament du matin au soir. Il prît quelque distance...
La Mer, toute tranquille, toute gentillette qu'elle était, toute ingénue peut - être parce que jeunette, eh bien ... elle admirait énormément le Soleil si grand, si fort, si beau et sans s'en rendre vraiment compte, elle est tombée amoureuse de lui. Peut - être parce que c'est elle qui a donné toute vie sur terre, y compris aux êtres humains, peut - être aussi parce qu'elle était un peu coquette, elle implorait elle aussi le soleil : « Soleil, toi qui est le plus beau, le plus fort, réchauffe mes eaux profondes, donne moi les couleurs les plus belles... ». Mais, je vous l'ai dit, le Soleil avait pris quelque distance et était devenu inaccessible. Aussi la Mer pouvait bien le supplier : certes, il donnait - et donne encore - sa chaleur, mais les eaux profondes, été comme hiver, restent froides, et parfois, sa chaleur, hein... Parcimonieusement !
Mais ça n'est pas tout : le Vent, bien qu'il soit plus âgé, aimait la Mer, il en était tombé amoureux et tentait sans cesse de le lui dire. Seulement, si on peut voir que le Soleil est beau, il ne peut en être de même pour le Vent: en effet qui a déjà vu le Vent ? Est - il beau ? Est - il laid ? Non, il est invisible, il n'a ni forme ni couleur, inconsistant. Ce qu'on sait, c'est qu'il est fort, ça oui ! Mais ses humeurs variables en font quelqu'un d'assez peu fréquentable qui, de ce fait, a toujours été assez solitaire. Il se fait brise ou tempête, il apporte fraîcheur et tourmente. Sur la mer, il aurait voulu laisser son empreinte mais sans cesse elle se dérobait. Elle l'aimait bien, ça oui, en souvenir de l'enfance peut - être, quand il la taquinait par une légère brise - ce qu'il fait encore du reste ! - mais elle n'a jamais été amoureuse de lui : « Que nenni, disait - elle ! Jamais en ce monde ne serai maîtrisée ni domptée par si fol que le Vent . Il est par trop instable et inconsistant, variable à l'infini dans ses humeurs ! » Le Vent prit ombrage de l'amitié de la Mer pour le Soleil, il est devenu jaloux, croyez - vous ça ! Il aurait dû, compte - tenu de son âge, être un peu plus sage et garder son calme : mais non, et ça continue ! Parfois il se met très en colère ...et nous récoltons une belle tempête. Quand il en est ainsi, ça la bouleverse la Mer ! Elle se creuse de profonds abîmes, d'où surgissent de formidables montagnes d'eau : oui, on peut dire que les vagues sont les filles de la Mer. De la Mer et du Vent, de leurs rencontres tumultueuses : elles sont multiples, vivantes, sans cesse renouvelées. A la fois très belles et inquiétantes, voire terrifiantes... Le Vent et le Soleil ne se fréquente plus guère, en tout cas, pas comme par le passé : avez - vous remarqué, quand Soleil et Vent sont présents ensemble, et bien c'est parce que, une fois de plus le Vent est en colère, et repousse les nuages...
Le Soleil... C'est le Soleil qui donne ses couleurs les plus belles à la Mer, pour être juste, il faut le reconnaître ! Mais vous savez, il n'est pas très fidèle le Soleil . Nous le savons déjà quand nous attendons indéfiniment sa venue ! : parfois il a rendez - vous avec la Lune - mais je ne vous dirais rien de celle - ci ! - et la Mer en est toute retournée : c'est alors que son mouvement de marée est le plus ample car, bien sûr, ça la contrarie la pauvre !
Et voilà : c'est ici que se termine mon histoire qui aurait pu être une belle histoire d'amour mais n'est qu'une pauvre histoire d'amour déçu : c'est la vie ! La Mer et le Vent ? Jamais n'aurons accord ni ne se marieront et cependant, jusqu'à la fin des temps ils garderont contact l'un avec l'autre.
Mais observez bien la nature : alors vous verrez vous - même qu'il s'agit d'une histoire vraie et pas inventée du tout...


bunni

#568

Le visage parfait

Il était une fois un pantin de papier qui n'avait pas de visage. Il était parfaitement découpé et tout son corps peint, excepté le visage. Cependant, il avait un crayon dans la main afin qu'il puisse choisir le type de visage qu'il voudrait avoir. Quelle chance ! Il a donc passé la journée à demander à chaque personne qu'il rencontrait :

-Comment est le visage parfait ?

-Un visage avec un grand bec, répondirent les oiseaux.

-Non, non, pas de bec, dirent les arbres, le visage parfait est plein de feuilles.

-Oublie le bec et les feuilles, interrompirent les fleurs. Si tu veux un visage parfait, remplis-le de couleurs.

Ainsi, tous ceux qu'il rencontra, qu'ils furent animaux, rivières ou montagnes, l'incitèrent à remplir son visage avec leur propre forme et couleurs.

Mais alors que le pantin s'eut dessiné un bec, des feuilles, des couleurs, des cheveux, du sable et milles autres choses, finalement personne n'aimait un tel visage. Et il ne pouvait rien effacer !

Puis, en pensant à l'opportunité gâchée d'avoir un visage parfait , le pantin passa des jours à pleurer.

-Je voulais seulement un visage qui plaise à tout le monde, dit-il. Et regarde quel désastre !

Un jour, un petit nuage entendit ses plaintes et s'approcha de lui pour lui dire :

-Bonjour pantin ! Je crois que je peux t'aider. Comme je suis un nuage et que je n'ai pas de forme, je peux faire le visage que tu veux. Que penserais-tu si je changeais de visage jusqu'à ce que tu en trouve un qui te plait ? On pourra surement t'arranger un peu.

Le pantin apprécia l'idée et le nuage fit pour lui tous types de visages. Malheureusement, aucun n'était assez parfait.

-Tant pis, dit le pantin au moment de se quitter, tu as été un ami formidable.

Puis il l'enlaça si tendrement que le nuage se mit à sourire de part en part, heureux d'avoir pu l'aider.

C'est alors qu'au même moment, le pantin dit :

-Ça ! Ça, c'est le visage que je veux ! C'est un visage parfait !

-De quoi parles-tu ? Demanda le nuage surpris. Je ne fais plus rien maintenant

-Mais si ! Celui que tu as fait lorsque je t'ai enlacé ... Où lorsque je te chatouille ! Regarde !

Le nuage se rendit compte qu'il parlait de son grand sourire. Alors tous les deux ils prirent un crayon pour déssiner, sur le pantin de papier, un sourire si grand qu'il recouvrait dix fois le bec, les cheveux, les couleurs et les fleurs.

Et effectivement, ce visage était le seul qui plaisait à tout le monde car il contenait l'ingrédient secret des visages parfaits : un grand sourire qui ne s'éffacera jamais.

bunni


La Lune et le Soleil

La Lune était d'humeur maussade ce jour-là. Elle avait toujours voulu rencontrer le Soleil, ce grand astre aux mille feux sans pareil.

Elle alla donc demander conseil à son amie la Terre un beau jour de printemps :
"Vois-tu, Terre, toi, le ciel t'a tout donné : tu es nimbée de magnifiques nuages, couverte d'océans immenses et tes forêts et tes montagnes font de toi la perle de l'Univers. Moi, je suis toute nue et toute blanche...

-J'ai une idée, dit la Terre. Je vais te donner un morceau de mes nuages et parée de la sorte, tu iras voir le grand Soleil.

-Merci encore, répondit la Lune. Que ferais-je sans toi ? "

La Lune qui portait maintenant sa robe de nuages prit la route de son étoile le Soleil.
Malheureusement celui-ci feignit de l'ignorer et la petite Lune bien triste s'en retourna vers son amie la Terre.

"Ton idée était bonne ! geignit la Lune, mais ce n'était pas suffisant. Aurais-tu une autre idée petite Terre.

-Je sais, s'exclama la Terre. Si je te donne une larme d'océan, un rocher de montagne, une goutte de pluie et un écrin de verdure, comment le Soleil pourrait-il rester de marbre ?
-Tu as raison, répondit la Lune, avec tous ces cadeaux il ne verra plus mes cratères tout nus et mes vallées toutes pâles. "

Toute joyeuse, la Lune s'en retourna voir le Soleil. Cette fois-ci, se dit-elle, il ne pourra pas me négliger. Pourtant, malgré la larme d'océan, le rocher de montagne, la goutte de pluie et l'écrin de verdure, maître Soleil ne daigna même pas adresser la parole à la toute petite Lune sur laquelle il dardait des rayons très chauds.

La petite Lune, le cœur bien froid, commença à errer de planète en planète et de comète en comète. Pourquoi le Soleil ne souhaitait-il pas la rencontrer ? Soudain, l'impossible se produisit : la Terre à la recherche de son amie bien en peine, l'aperçut vaguement au lointain. Elle l'appela mais rien n'y fit. La petite Lune fonçait droit sur le Soleil !

"Tu es folle, cria-t-elle. Tu vas te brûler si tu ne prends pas garde. Ne t'approche pas si près de lui ! "

La Lune restait sourde à toutes ses exhortations. Et, finalement la Terre comprit ce qui était en train de se produire sous ses yeux. La petite Lune ne fonçait pas sur le Soleil mais dansait un joli ballet devant lui. Le spectacle était magnifique. La Terre se délecta de ses petites mirettes ébahis de cette danse insolite.

Depuis ce temps-là, très souvent, la Terre peut admirer ses deux amis interpréter le même ballet de l'éclipse.

La petite Lune a réalisé son rêve de rencontrer le grand Soleil.